Personne ne l’ignore, dimanche dernier (le 23 février 2013) s’est tenue la 85ème cérémonie de remise des Oscars à Hollywood. Supposée récompenser les meilleures créations cinématographiques du monde entier, et ce depuis 1929, la cérémonie de 2013 défraye cependant la chronique. En cause : une censure improbable.
Le feu aux poudres
Le film « L’odyssée de Pi » a été récompensé de multiples Oscars : meilleure photographie, meilleure musique, meilleur réalisateur (Ang Lee) et meilleurs effets spéciaux (studio Rhythm and Hues).
A l’instar des autres récipiendaires, l’équipe de Rhythm and Hues, dont notamment le superviseur VFX Bill Westenhofer, a eu la possibilité d’exprimer leur gratitude au public… Ou presque. En effet, Bill Westenhofer, au bout de quelques secondes de temps de parole, s’est vu interrompre par la diffusion de la musique des dents de la mer. Pire encore, alors qu’il abordait le sujet de la banqueroute du studio de création, le micro a carrément été coupé. Un affront mal vécu par l’ensemble de la communauté des artistes VFX.
On était alors en droit d’attendre que « justice soit faite » lorsque, plus tard dans la soirée, Ang Lee a reçu l’Oscar du meilleur réalisateur. Mais là encore, impasse a été faite sur les remerciements aux artistes VFX, qui s’imposaient pourtant vu le travail colossal abattu et la prépondérance des effets spéciaux dans « L’odyssée de Pi ». Ang Lee n’oublie pas de remercier le dieu du cinéma (« Thank you movie God » est la première phrase du réalisateur lors de son accès à la scène), mais les fées des effets spéciaux ? Il n’en a visiblement cure.
Pour la bonne bouche, rappelons tout de même que, si certains films peuvent se passer de VFX sans que cela soit réellement dommageable pour l’histoire, ce n’est absolument pas le cas du film d’Ang Lee : « L’odyssée de Pi » sans effets spéciaux, c’est un peu comme du chocolat noir à 80% sans cacao, ça ne peut pas exister.
Les faits
Tout artiste VFX vous le dira, la profession n’est pas suffisamment reconnue. Alors que les films bourrés d’effets spéciaux génèrent des milliards de dollars de bénéfice chaque année, les studios responsables de ces chefs d’œuvres d’art numérique se retrouvent pour la plupart dans l’ombre et talonnés de près par la faillite. N’y aurait-il pas là un petit problème de comptabilité ?
Afin de manifester leur mécontentement, près de 500 artistes VFX se sont rassemblés le 23 février à l’extérieur du théâtre Dolby, lieu de la cérémonie de remise des Oscars. Sous payés, sur-exploités, privés de sécurité dans leur quotidien, les employés de l’industrie des effets spéciaux souhaitent être enfin reconnus et accéder à des conditions de travail, sinon privilégiées, en tout cas correctes.
Depuis l’événement fatidique, une page officielle Facebook « VFX Solidarity International » a vu le jour, symbolisée par un avatar vert, qui fleurit désormais un peu partout sur le réseau social, arboré par les artistes concernés mais aussi par les sympathisants, en guise de soutien. Espérons qu’à l’instar du Printemps Arabe, le Printemps VFX débouchera sur une vraie révolution pour nos artistes chéris !
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