Découvrez Kano16

Il a cartonné avec son premier tuto, et a confirmé son ÉNORME niveau avec sa formation sur la modélisation de Hulk : Nicolas CasteraKano16 sur Tuto.com – nous raconte son quotidien, son parcours… Au programme : Concept Design, Mystérieuses cités d’or, Code Lyoko, les Quatre fantastiques, de l’inspiration, et bien d’autres choses encore !!!

Interview Kano16

Bonjour Nicolas ! Tu es actuellement Concept Designer chez ArsMagica VFX ; peux-tu nous parler de ton quotidien ?

Bonjour Anne-Sophie, je travaille en effet chez ArsMagica VFX sur des recherches graphiques pour  différents projets institutionnels en tant que freelance. Parallèlement, je participe  à la création d’une pub au sein de la société « Once Upon A Toon », pour laquelle je texture et réalise les expressions faciales de certains personnages.

Je suis donc infographiste 3D le jour et Concept Designer la nuit…

Des clauses de confidentialité m’interdisent malheureusement d’en dire plus sur ces projets de design, mais j’ai l’occasion de travailler sur des sujets variés et certaines de mes créations sont amenées à être reproduites en dur, dans la réalité.

Selon toi, quelle est la vertu première d’un Concept Designer ?

Je pense que ce qui prime avant tout, c’est la créativité. Il faut trouver le bon visuel par rapport à une demande précise et respectant un certain nombre de contraintes. Il faut également être rapide et réactif car les délais sont souvent très courts. Enfin, disposer de bonnes méthodologies de travail permet de gagner un temps précieux.

Visuel Code Lyoko

Tu as travaillé sur des productions renommées, comme les “Mystérieuses cités d’or” ou “Code Lyoko” ( NDLR : je suis hyper fan !), qui rappellent à plus d’un leur enfance ou encore “les Quatre fantastiques” en tant qu’infographiste layout, de modélisation ou de pré-production ; peux-tu nous expliquer les différences entre ces différents types de poste ?

Sur une série de dessin animé, comme pour beaucoup de projets 3D, il existe un procédé de fabrication par étape qui est toujours plus ou moins le même malgré des adaptations par les studios à leur propre méthodologie de travail.

Il y a tout d’abord une étape dite de  « pré-production »  qui englobe l’écriture des scénarii, la création de la bible graphique, les grands axes visuels du projet, les story-boards, etc.

Ensuite arrive la « pré-production 3D », qui comprend  la modélisation des personnages, c’est-à-dire la sculpture de ces derniers ainsi que des décors et des props (autres objets). Ces modèles 3D sont ensuite shadés (ajout de propriétés de matière),  texturés (colorisés), setupés et skinnés (mise en place d’un squelette et des déformations du personnage) pour ceux qui seront animés par la suite. On parle donc là-aussi de pré-production, pour faire référence au fait que l’on prépare les bases de données mais que l’on ne produit pas encore de plans.

Une fois que tous les objets et personnages ont été préparés, il ne reste plus qu’à rentrer en  production (c’est-à-dire la fabrication de plans) et cela commence par le layout. Le layout consiste à mettre en place les plans qui composent un épisode. On commence par agencer  le décor et positionner les personnages avant de régler les différents cadrages et les mouvements de caméras prévus par le story-board. En somme, le layoutman est comme un caméraman sur un vrai plateau de tournage. Lorsque le layout est terminé, les animateurs peuvent récupérer le fichier et commencer à animer les personnages par rapport au cadrage dont ils disposent.

Une fois le plan terminé en terme d’animation, il est envoyé au département de rendu qui va éclairer la scène et faire les rendus définitifs. Ces derniers vont être composés de différentes couches séparées : une pour les personnages, une pour chaque partie du décor, on va également séparer les ombres, l’occlusion ambiante, etc. Ces rendus vont par la suite être exploités par le département compositing qui va assembler les couches, rajouter des effets si besoin et étalonner l’image pour obtenir le rendu définitif du plan qui pourra alors partir pour le montage de l’épisode.

Visuel Orc

Quelle est ta partie préférée du job ?

J’ai occupé différents postes au long de ma carrière, chacun se situant à un moment différent de la chaîne de fabrication.

Mon poste de prédilection, c’est la modélisation et le texturing de personnages, même s’il m’arrive souvent d’intervenir aussi sur des décors ainsi que sur la partie setup/skinning de certains persos.

J’ai aussi parfois participé à l’élaboration de certains designs pour des projets spécifiques. J’y prends grand plaisir car il est plus rare pour moi de pouvoir intervenir sur la partie recherche graphique. En effet,  je travaille à Angoulême pour différentes structures dont la maison mère est à Paris et souvent, tout le travail de pré-production 2D est déjà réalisé avant d’arriver chez nous.

En règle générale, j’aime intervenir au début du processus créatif que ce soit par la voie du dessin ou par celle de la 3D.

Les Quatre Fantastiques

As-tu pris un plaisir particulier à travailler sur ces productions ? Pourquoi ?

Un grand plaisir en effet, tout d’abord parce que comme la majorité des gens avec lesquels je travaille, je suis avant tout un passionné. Bien sûr, certains projets sont plus difficiles ou moins attractifs que d’autres, mais il y a aussi l’aspect humain.

J’aime beaucoup travailler en équipe, le fait de partager et de pouvoir résoudre les problèmes à plusieurs.

L’ambiance de travail dans certains studios comme DSTM et ArsMagica VFX a tout simplement été géniale.

Quelle a été ton expérience professionnelle la plus marquante ?

J’ai eu la chance de travailler sur des productions qui m’ont fait rêver quand j’étais petit.

Je suis un fan de comics, j’ai appris à dessiner en reproduisant les personnages issus de ces univers et j’étais sur un petit nuage quand j’ai appris que j’allais m’occuper des personnages des «Quatre Fantastiques » ! J’étais également un petit peu ému quand j’ai vu mon nom au générique de la nouvelle saison des « Mystérieuses Cités d’Or », dont je ne ratais jamais un épisode.

Après, certains projets plus confidentiels ont été intéressants tout simplement parce qu’ils changeaient de l’ordinaire : j’ai par exemple dû réaliser des sculptures de personnages sous Zbrush destinées à être reproduites grâce à une imprimante 3D à une taille de 2,30 mètres pour une exposition de l’Unesco. Ce fût un projet contraignant en terme de délais, mais c’est amusant de voir ses créations virtuelles matérialisées dans la vrai vie !

Modélisations 3D UNESCO

Et celle que tu voudrais absolument tester à l’avenir ?

Je dois bien avouer que j’adorerais travailler sur des créatures pour les effets spéciaux d’un long métrage Live ou bien encore dans la création de personnages pour des cinématiques de jeux vidéos, j’adore le travail de la société Blur notamment.

Ton logiciel de prédilection pour travailler ?

Mes logiciels préférés pour mes projets persos, donc pour  la création, sont sans conteste Photoshop et  Zbrush. Je prends toujours plaisir à travailler avec ces outils, mais j’utilise aussi énormément Softimage et 3DS Max pour mon travail, et je pratique régulièrement des softs comme Digital Fusion, Topogun, UV layout et Sketchbook. Il faut absolument que je me remette à Maya !

Visuel Plage

Tes travaux 3D WIP sont à couper le souffle de réalisme, et sentent l’inspiration jeux vidéo ; est-ce un domaine que tu souhaiterais explorer plus avant – car tu as déjà une expérience en tant que Concept Designer sur des décors pour un jeu ?

J’ai effectué effectivement quelques designs pour un jeu il y a quelques années et il m’arrive occasionnellement de travailler sur des projets temps réel, la plupart pour un support tablette.

J’aimerais bien avoir un jour l’occasion de collaborer à un jeu sur console next gen’, je trouve que par rapport à l’audiovisuel, il y a encore une certaine liberté artistique, une variété de thèmes et d’univers graphiques dans les jeux vidéos que l’on ne retrouve pas ou peu sur des longs métrages ou des séries télé qui sont plus calibrés pour un jeune public.

A l’origine, tu étais plutôt parti sur des études d’économie – tu as d’ailleurs une Maîtrise dans le domaine ; pourquoi ce brusque tournant ?

Depuis tout petit, j’ai toujours été un passionné d’images, que ce soit le cinéma, la peinture ou encore la BD, mais réussir à en vivre c’est autre chose.

Comme beaucoup de parents dont les enfants rêvent de se consacrer à une carrière artistique, les miens s’inquiétaient de mon avenir et souhaitaient que je me constitue un bagage solide  avec des études plus classiques avant d’envisager une carrière de graphiste. Je pense qu’ils ont eu raison, car la majorité de mes contrats sont des contrats d’intermittence. On ne sait pas toujours de quoi demain sera fait et avoir plusieurs cordes à son arc est plutôt une bonne chose.

Enfin mes études m’ont permis d’acquérir des méthodologies d’apprentissage qui m’ont été très utiles pour mon métier actuel.

Background glace

Quels artistes t’ont le plus inspiré au cours de ton éducation puis de ta carrière ?

Ouah … Vaste question, ils sont tellement nombreux.

Je citerai d’abord Jim Lee, dessinateur de comics que j’ai idolâtré pendant longtemps, puis des références comme Franck Frazetta ou Simon Bisley dans mon adolescence. J’ai aussi beaucoup été influencé par des dessinateurs de BD comme Claire Wendling, Mathieu Lauffray ou Frank Miller.

Depuis mon passage au numérique, je suis fan d’artistes comme Nicolas Sparth Bouvier, Barontieri, Vyle, Feng Zhu ou encore Kekai Kotaki pour la partie 2D. Des modeleurs comme  Zac Petroc, Kevin Lanning, Cédric Seault, Tsvetomir Georgiev ou encore Alessandro Baldasseroni m’impressionnent aussi énormément.

Robot fun

Tu as eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’intervenir en tant qu’enseignant dans des écoles d’art ; ton ressenti ?

C’est vraiment une expérience très enrichissante. J’ai compris assez vite qu’il y avait une différence entre être un bon professionnel et être un bon formateur. Ce sont vraiment deux métiers différents et savoir faire ne veut pas nécessairement dire savoir transmettre. Là encore, il faut un gros travail de préparation pour rendre les cours fluides, avec une évolution de la difficulté progressive et cela m’a aussi permis d’approfondir certaines connaissances.

En effet, même si je connais bien les logiciels que j’utilise tous les jours dans mon travail, j’ai par habitude tendance à utiliser souvent les mêmes outils et méthodologies, parce qu’il faut que je sois productif pour respecter les délais qui me sont imposés. Le fait de devoir former des étudiants à  un logiciel et donc de présenter l’ensemble de ses fonctions m’oblige à me plonger aussi dans des outils et des process que je ne pratique pas forcément  le reste du temps. C’est une bonne séance de révision pour moi aussi !

Enfin, je dois avouer qu’il est vraiment très gratifiant de voir que des personnes progressent grâce à vos conseils, et que vous les aidez à créer leur films de fin d’année en cherchant les solutions les plus adaptées à leurs besoins et leurs niveaux de connaissances.

Forest Rabbits

Pour toi, le tutoriel vidéo est-il complémentaire à l’enseignement présentiel, ou peut-il complètement le remplacer ?

Complémentaire, je pense. L’échange en face à face est toujours très important à mon sens, même si j’ai appris bon nombre de softs ou d’outils seul grâce à des tuto vidéo.
Les deux types de formation présentent chacun leurs avantages et inconvénients.

Dans le cas des tuto vidéo, vous avancez à votre rythme, vous pouvez à tout moment revenir sur une manipulation ou sur une information donnée précédemment et surtout, vous n’avez pas besoin d’entamer des démarches de formation en sollicitant une école ou un centre de formation professionnel. Par contre, vous avez une vision un peu moins globale du travail, dans le sens où l’on aborde à chaque fois un cas précis, et que vous ne disposez finalement que des informations que le formateur a jugé bon d’intégrer à sa vidéo par rapport au sujet.

Dans le cas de l’enseignement présentiel, vous avez un contact direct avec le formateur qui peut en temps réel répondre à toutes les questions, en rapport ou non avec le sujet étudié. La présence du formateur lui permet également de voir quelles sont vos difficultés potentielles par rapport à l’apprentissage et donc d’adapter sa pédagogie à vos besoins le cas échéant. Enfin, le dernier avantage est que lorsqu’un formateur fait une démonstration live, il peut y avoir des impondérables, des choses qui ne marchent pas (le fameux effet Bonaldi…) ; ça permet, contrairement au tuto vidéo qui est rodé, de soulever des lièvres et des problématiques que les étudiants pourront rencontrer par la suite. La contrepartie de cela est qu’il y a souvent plusieurs étudiants et que tout le monde ne va pas forcément au même rythme, ce qui peut être perturbant et le fait de devoir se rendre dans une structure et mettre en place des formations adaptées demande de passer par un certain nombre de démarches, soumet à des horaires et crée donc des périodes d’indisponibilité (beaucoup moins de liberté donc !).

Comeback

As-tu eu souvent recours à l’utilisation de tutoriels vidéos au cours de ta propre formation ?

J’aime apprendre et j’en profite souvent pour élargir mes connaissances dès que j’ai un peu de temps, que ce soit par le biais de formations professionnelles soit de tuto vidéos. Qui plus est, dans un métier où les softs et les méthodes de travail évoluent sans cesse, je n’ai pas toujours le temps de me mettre à niveau pendant une production où l’on reste sur la même version du logiciel pour éviter les mauvaises surprises. Je profite donc du temps entre deux contrats pour me remettre à niveau sur les nouvelles versions des logiciels que j’utilise, et parfois pour en apprendre de nouveaux.

Que penses-tu de l’expérience de tuto-formateur ?

Ça  faisait un petit moment que ça me tentait, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de m’y mettre. Je dois avouer que je trouve ça super intéressant et plaisant à préparer, le fait de chercher un sujet et trouver la meilleure façon de l’aborder est vraiment stimulant.

Par contre, j’ai encore des difficultés à savoir si un tuto va plaire ou non, du coup j’ai beaucoup de doutes durant la fabrication et me demande toujours si je suis sur la bonne voie. Je suppose que j’affinerai ça au fur et à mesure des formations que je proposerai.

Background sousmarin

Et de la plateforme Tuto.com ?

Du point de vue utilisateur, c’est simple d’accès et vraiment pratique à utiliser.

En tant que formateur, je trouve que  le site permet de facilement charger ses tuto et de suivre l’évolution de ces derniers en termes de ventes et de commentaires. Quant à la partie explications pour les formateurs, elle est vraiment très complète et m’a été d’une aide précieuse.

Un dernier mot ?

Je tiens vraiment à remercier l’ensemble de votre équipe très sympa qui s’est toujours montrée à mon écoute et très réactive. Vous êtes motivés, cela se ressent vraiment, et incite encore plus à travailler avec vous.

Donc à bientôt pour de nouveaux tuto !

Pour en savoir plus :

Murène

 

(975)

1 Comment

  1. N’étant qu’un petit débutant sur Photoshop Eléments 11, à l’approche de mon 65 ème anniversaire, je tiens néanmoins à féliciter vivement Nicolas Castera car, quand on attend plus grand chose,il est heureux de constater qu’aujourd’hui encore il y a des hommes qui peuvent faire rêver en exposant la nature qu’elle soit réelle ou imaginaire.