Ce mois-ci, c’est Titom013, alias Thomas Mouraille – employé chez MPC Londres, qui a travaillé entre autres sur Harry Potter, Skyfall, Pirates des Caraïbes… -, qui passe sous les feux des projecteurs, avec humour. Un artiste talentueux, à découvrir absolument !

Matte Yves Saint-Laurent

Salut Thomas ! Tu es Lead Environment-Digital Matte Painting chez MPC Londres ; concrètement, tu fais quoi au quotidien ?

Bonjour à tous !

Sur le projet actuel, mon role de Lead consiste avant tout à travailler avec le superviseur VFX du film et à lui apporter un soutien technique et artistique sur la création des environnements 3D à réaliser.
Une fois ces choix faits, je répartis les différentes tâches aux artistes travaillant sur le projet. Je dois m’assurer que le brief que l’on a reçu est bien respecté et que la qualité des environnements produits correspond aux standards MPC. Ajouté à cela, je travaille aussi aux cotés des artistes sur la réalisation des environnements 3D et des Matte Painting (DMP).
Pour finir, les lead travaillent avec le Head du département sur l’organisation du pipeline et le perfectionnement des différents workflow que l’on utilise.

Comment en es-tu arrivé là ? Dis-nous en plus sur ton parcours professionnel !

Après être sorti de l’école ArtFX de Montpellier, j’ai commencé par un stage chez MikrosImage sur Paris pendant 1 mois qui s’est trés vite transformé en CDD puis en CDI.
J’ai eu la chance de travailler sur des publicités comme Nissan Xtrail et autre Decathlon Polaire, mais aussi sur mon premier long métrage Faubourg36. Sur ce dernier j’ai découvert le matte painting photoréaliste avec Christophe « Tchook » Courgeau. La précision et la finesse que le matte painting nécessite m’ont tout de suite séduit. J’ai eu vraiment beaucoup de chance de pouvoir travailler avec Tchook, j’ai énormement appris à ses cotés. J’ai ainsi passé 3 ans et demi à Mirkos où j’ai fait « mes armes » en quelque sorte.
Les plans de Faubourg36 ont été un petit plus dans ma première showreel lorsque je l’ai presentée au premier RoadShow MPC sur Paris en 2009. Après quelques entretiens téléphoniques j’ai reussi à décrocher une place dans le département Environment-DMP qui était en train de se monter à l’époque.
Mon premier projet a été Harry Potter and The Deathly Hollow, Part1. J’étais très impressionné au début. Mais je me suis vite aperçu que l’apprentissage que j’avais reçu en France chez Mikros et à ArtFx m’avaient permis de développer un côté « débrouille » très utile au final pour accomplir les différentes tâches qui m’étaient assignées.
Et me voilà 3 ans plus tard, toujours chez MPC, à travailler dans une équipe exceptionnelle composée d’artistes talentueux et généreux.

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Peux-tu nous parler de ton cursus étudiant ?

J’ai décroché mon BAC Scientifique en 2000. Après quelques mauvaises orientations en prépa et en IUT Chimie, un ami à moi m’a fait découvrir 3DSMax. Le coup de foudre ! Enfin tous les films qui m’avaient fait rêvé lorsque j’étais plus jeune prenaient du sens ! J’ai su que j’avais découvert ce que je voulais finalement faire dans ma vie.
Ne sachant pas dessiner et n’ayant jamais vraiment étudié l’art, j’ai eu la chance d’être selectionné à l’ESMA, une école d’animation basée sur Montpellier. J’y ai rencontré des personnes qui m’ont initié à la 3D et au dessin. Pendant 2 ans j’ai travaillé sans relâche afin de combler le retard que j’avais sur d’autres étudiants qui avaient déjà des aptitudes au dessin ou en infographie. J’ai ensuite fait 2 ans à ArtFx où j’ai réalisé le film Koda avec 6 autres amis.

Tu as eu l’occasion de travailler sur des grosses productions comme Harry Potter, Pirates des Caraïbes 4, Sherlock et dernièrement Skyfall ; que retiens-tu de tes collaborations sur ces gros projets ?

Ces projets ont tous été très différents les uns des autres. Les défis techniques, les types d’environnement à créer, les délais… tous ces paramètres sont très variables d’une production à une autre. J’ai donc eu la chance d’enrichir mon expérience à travers tous ces projets.
Si je devais citer les points les plus importants retenus lors de ces projets cela donnerait :

  • profite du temps que tu as pour faire ce plan car sur le prochain projet tu en auras la moitié pour réaliser le même travail.
  • fais toujours valider un concept avant de démarrer un matte painting.
  • sois patient…
  • n’aie pas peur de recommencer de zéro (ça va toujours plus vite la 2ème fois).
  • sois patient… … …
  • garde ton travail aussi flexible que possible, car un client, ça change d’avis !!

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En 7 ans de carrière dans les VFX, quelle est ton expérience la plus marquante ?

J’ai beaucoup appris sur chacune des productions, mais Harry Potter a été une des productions les plus marquantes pour moi. Peut-être parce que c’était ma première grosse production ?
Avec du recul, je me rends compte que sur ce film, j’ai eu la chance de travailler sur des plans techniquement poussés en terme d’environnement, avec des dizaines de caméras de projection, des DMP de très grosses résolutions, des mouvements de caméra spectaculaires, etc…
Je me souviendrais aussi toujours de ma premiere Daily (meeting où l’on présente un Work In Progress du plan sur lequel on travaille). J’avais tellement peur que l’on me dise que mon travail n’était pas suffisant que je m’étais mis une pression folle pour cette première présentation. Au final, elle a à peine été regardée. OUF! j’avais survécu à ma première Daily!

Quel serait ton idéal professionnel ? Y a t il un artiste, une boîte de prod’ ou un type de projet sur lequel tu voudrais absolument travailler à l’avenir ?

J’admire le travail de certains grands artistes qui sont des modèles pour moi comme Ryan Church, Dylan Cole ou encore Yannick Dusso. Si j’avais la chance de pouvoir un jour travailler à leur côté, ce serait un véritable plaisir!
Plus honnêtement, je pense qu’il y a aujourd’hui un grand nombre d’artistes talentueux dans toutes les compagnies d’effets spéciaux et chaque rencontre est enrichissante.
Je n’ai pas de désir particulier d’aller travailler dans telle ou telle boîte de prod’. Ce qui m’importe le plus est la qualité de l’environnement de travail. Avoir de bons collègues de boulot autour de soi, travailler dans la bonne humeur et la rigolade est plus important pour moi que travailler sur le dernier gros film de SF.
J’ai quelques amis qui ont eu l’opportunité de travailler dans certaines boîtes prestigieuses : ils n’y sont pas restés longtemps, ne serait-ce que pour l’environnement de travail qui était trop froid et égoïste.

Matte Faubourg36

Tes projets pro pour les prochaines années ?

Hummmm rien de décidé pour le moment. L’industrie du cinéma change à toute allure, je ne sais même pas ce qu’il adviendra dans 3 mois ! :)

S’il te reste du temps libre dans ton emploi du temps de surhomme du VFX, qu’en fais-tu ?

Un peu exagéré le terme “surhomme du VFX” ! :)
J’ai la chance d’avoir une petite famille qui m’attend le soir quand je finis le travail,
j’essaie donc de profiter au maximum de mon temps libre avec ma femme et mon petit garçon (ça fait cliché je sais mais c’est la vérité :) ).
Quand j’arrive malgré tout à trouver un peu de temps, j’essaie de faire quelques illustrations pour moi tout en essayant de découvrir de nouvelles techniques.
J’essaie aussi de faire un peu de photos, quand je trouve la motivation de braver le froid et la pluie de Londres.

Matte Pirates des Caraïbes

(Cliquez sur le .gif pour voir l’animation)

Quelles recommandations ferais-tu à un aspirant VFX Artist ?

Je le préviendrai que pour y arriver il va falloir s’accrocher, être vraiment passionné et sûr de soi ! De l’extérieur, le métier peut paraître sexy et il l’est, dans une certaine mesure. Mais il me paraît aussi important de le prévenir sur ce qui l’attend :

  • travailler en moyenne 50 heures par semaine (si on est chanceux) en face d’un écran dans l’obscurité.
  • ne pas compter ses heures sup’ (pas payées, bien entendu)
  • savoir gérer son stress et sa fatigue (surtout en fin de prod’ et que tout le monde est à fleur de peau…)
  • une formation à vie! En effet les logiciels et les techniques évoluent sans cesse, il faut donc se remettre à jour continuellement !

Mais je lui dirai pour finir que si la passion est là, il y arrivera ! Nous avons la chance de pouvoir gagner notre vie en faisant des dessins, un vrai rêve de gosse non ?

Comment es-tu arrivé chez Tuto.com ?

J’ai eu la chance de rencontrer un de vos formateurs incontournables, Julien Pons, à l’école ArtFx. Nous donnions des cours ensemble cette semaine-là, et nous avons donc fait connaissance. Le courant est tout de suite très bien passé (comment ne pas s’entendre avec Julien ?!!) et il m’a parlé de votre plateforme de tutoriaux. Il m’a proposé d’y jeter un coup d’œil et, pourquoi pas, d’y participer si j’avais un peu de temps. Ce que j’ai finalement pu faire ! :) (NDLR : et nous t’en remercions !)

Qu’est-ce qui te plaît dans le concept Tuto.com ?

J’ai été surpris de voir la quantité de tuto hébergés sur le site ainsi que leur diversité ! Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. J’aime assez l’idée de pouvoir avoir la possibilité d’apprendre une technique précise sans avoir à acheter un DVD complet de tuto.

Aimerais-tu enseigner un jour, si ce n’est déjà fait ?

J’ai enseigné mon premier workshop à ArtFx en Décembre dernier (c’était une première pour moi), et j’ai eu le sentiment que les étudiants ont apprécié mon travail. C’est une expérience que je referai volontiers ! Ça m’a finalement motivé pour créer des tuto.

Matte Harry Potter

As-tu toi-même au cours de ton parcours eu recours à des tuto vidéo ?

Absolument ! Et encore maintenant, pour être honnête.
Lorsque j’ai démarré il y a 11 ans, on trouvait peu de tuto sur internet et encore moins de tuto vidéos. De nos jours, il est beaucoup plus facile pour un débutant de se former en autodidacte. Il existe tant de formations de bonne qualité ! Et les logiciels d’infographie sont devenus beaucoup plus accessibles qu’auparavant, tant au niveau du prix qu’au niveau de leur apprentissage.

Est-ce une technique d’apprentissage que tu recommandes ?

Je pense que les tutos vidéos sont la façon la plus claire et explicite pour enseigner. Les avantages sont multiples :

  • aperçu en temps réel des manipulations précises à exécuter.
  • replay infini de la vidéo pour bien comprendre les manipulations complexes.
  • possibilité de visionner le tuto en plusieurs fois etc.

Un dernier mot ?

Pour tout ceux qui ont réellement envie de faire du VFX leur métier, accrochez-vous ! C’est possible !!!

Pour aller plus loin :

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